L'armée luxembourgeoise à l'horizon 2015-2020: le ministre de la Défense présente le projet de réorganisation de l'armée

Le ministre de la Défense, Jean-Louis Schiltz, accompagné du chef d’État major de l'armée, le colonel Nico Ries, et du commandant du Centre militaire, le lieutenant-colonel Gaston Reinig, a présenté le 13 septembre 2007 les principaux paramètres de la réorganisation de l’armée luxembourgeoise, tels qu’ils ont été adoptés le 5 septembre 2007 par le Conseil de gouvernement.

Cette réorganisation de l’armée a deux objectifs majeurs: conférer à l’armée la stabilité nécessaire pour planifier les missions internationales à l’avance et renforcer les possibilités de formation offertes aux jeunes soldats.

Depuis les années 1990, l’armée luxembourgeoise a reçu une connotation de plus en plus internationale et remplit davantage de missions à l’étranger, a rappelé le ministre de la Défense. Dans ce contexte international, le gouvernement luxembourgeois est favorable à l’approche dite 3-D: diplomatie, développement et défense, a-t-il ajouté.

Pour Jean-Louis Schiltz, la stabilité internationale concerne tout le monde. "Le Luxembourg, membre de l’OTAN, de l’UE et de l’ONU, ne peut pas rester à l’écart lors de crises internationales. Dans la limite de nos possibilités, nous devons et nous voulons remplir nos engagements internationaux."

La nécessité de réorganiser l’armée s’explique par la volonté du gouvernement de mettre l’armée en mesure de participer dans les meilleures conditions possibles, ensemble avec les autres armées européennes et alliées, aux nouveaux moyens d’intervention que se sont donnés l’UE (Groupements tactiques) et l’OTAN (Forces de réaction rapide / NATO Response Forces, NRF).

Selon Jean-Louis Schiltz, le Luxembourg entend participer avec une vingtaine de soldats aux GT dès 2008 et avec une trentaine de soldats aux NRF à partir de 2010. Le premier but de la réorganisation de l’armée est donc de conférer à celle-ci la stabilité nécessaire pour planifier les missions internationales à l’avance.

Parallèlement, le ministre Jean-Louis Schiltz veut renforcer la fonction sociale de l’armée et assurer une meilleure formation des jeunes à l’armée pour les emplois qui les attendent après l’armée, au moment où ils quittent celle-ci.

Unités de disponibilité opérationnelle

L’élément central de la réorganisation est la constitution d’unités de disponibilité opérationnelle (UDO) au sein de l’armée luxembourgeoise.

En effet, les missions internationales que l’armée sera amenée à remplir à l’avenir, notamment au sein des GT et de la NRF, font qu’il n’est plus concevable de recourir à terme à un système de double volontariat intégral tel que celui-ci est pratiqué actuellement pour les soldats (la participation aux missions des soldats - qui tous entrent volontairement à l’armée - se fait une nouvelle fois sur une base exclusivement volontaire), a remarqué Jean-Louis Schiltz.

Actuellement, le Luxembourg participe avec 36 soldats à différentes opérations de maintien de la paix. Ainsi, l’armée luxembourgeoise est présente avec 23 soldats au Kosovo, 9 en Afghanistan, 2 au Liban, 1 au Congo et 1 en Bosnie, a noté le ministre. Alors que le pays ne participe pas encore de façon substantielle aux GT et NRF, le système de l’armée luxembourgeoise a d’ores et déjà atteint ses limites, a-t-il signalé. D’où la nécessité de constituer des UDO.

Les UDO sont constituées après l’instruction de base. Les soldats volontaires peuvent décliner leur intégration dans une UDO. Les volontaires feront partie des UDO pour toute la période pendant laquelle ils accomplissent des tâches militaires, soit en principe 36 mois. Ils bénéficient d’une prime de disponibilité opérationnelle, ainsi que de certaines priorités d’embauche particulières par rapport aux autres soldats-volontaires. Pour pouvoir remplir de façon efficace et utile les missions GT et NRF, le contingent des volontaires sera renforcé en passant de 430 unités, caporaux compris, à 500 unités, caporaux non compris.

Formation et reconversion du volontaire

Après la période initiale de 36 mois, consacrée aux tâches militaires, le volontaire fréquente l’école de l’armée ou poursuit sa reconversion pendant une période de 12 mois. Il s’agit-là d’une nouvelle obligation dans son chef par rapport à l’ancien système. Un service de reconversion sera mis en place au sein de l’armée afin de consulter et d’orienter le volontaire vers l’une des formations au sein de l’école de l’armée, vers une formation professionnelle au Centre militaire ou à l’extérieur ou encore vers une filière de reconversion, le cas échéant de concert avec l’Administration de l’emploi.

Le projet de réorganisation de l’armée limite la durée maximale des rengagements au titre des tâches militaires à 3 ans au total. Les jeunes soldats seront donc en tout état de cause libérés de l’armée après une période maximale de 7 ans: 3 ans au titre des tâches militaires + 12 mois pour la formation/reconversion + 3 ans maximum au titre des rengagements pour tâches militaires.

Parallèlement au renforcement du contingent des volontaires, les effectifs des officiers, sous-officiers, caporaux et personnel de l’armée seront également renforcés, a annoncé le ministre de la Défense.

Pour ce qui est des officiers, une nouvelle filière de recrutement sera créée. Le recrutement sera désormais ouvert aux candidats disposant d’une formation universitaire complète dans des domaines spécifiques pouvant intéresser plus particulièrement l’armée. Le mode actuel de recrutement de candidats-officiers parmi les titulaires d’un baccalauréat sera maintenu.

La réorganisation permettra à l’armée luxembourgeoise de remplir ses nouvelles fonctions, a conclu le ministre de la Défense. L’armée sera ainsi en mesure de répondre à sa manière et dans la limite de ses possibilités aux défis de demain.

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